La classe numérique

Three young students working on digital divices.

Depuis mi-octobre 2014, je pratique la classe numérique avec des lycéens et des élèves de BTS.

Lors de chaque séance (cours ou TD), les élèves travaillent dans une salle informatique contenant 20 ordinateurs, donc au moins un ordinateur pour deux élèves. Chacun est libre de se placer où il le souhaite. 3 espaces de travail sont proposés :

  • avec les ordinateurs, disposés en U le long des murs.
  • sur les tables centrales, avec leur Smartphone (ou tablette ou ordinateur portable).
  • en autonomie sur les tables centrales avec accès aux ordinateurs de manière occasionnelle!

Il est également demander à chacun d’avoir, à chaque heure, son casque ou ses écouteurs.

La progression des différents chapitres est découpée en micro-chapitres, ordonnés sous forme de progression spiralée afin de pouvoir revenir régulièrement sur les différentes notions rencontrées, en les approfondissant progressivement. Le micro-chapitre est présenté par une structure de cours à trous à compléter ainsi qu’une fiche d’exercices. Il est distribué, version papier, sous forme de livret. Tout le cours, dans la mesure du possible, est entièrement monté en vidéos (définitions, propriétés, exemples) sachant que :

  • chaque partie de cours est reliée, grâce à un numéro ou à un QR code à une vidéo, illustrant celle-ci.
  • chaque question de la fiche d’exercices est reliée, grâce à un numéro ou à un QR code à une vidéo, à la notion de cours correspondant ou à un exemple similaire. Il peut arriver qu’en plus l’exercice soit corrigé en vidéo.

Les élèves ont donc continuellement à disposition le cours complet en version papier rendu « vivant » grâce aux vidéos et dispose également d’un soutien permanent au moment de la recherche des exercices.

Avant de commencer le micro-chapitre, les différents axes ou thématiques abordés sont exposés aux élèves afin d’en présenter son architecture. Ce fut une demande des élèves afin de « planter le décor » et de leur permettre d’avoir une vision d’ensemble de ce qui va être abordé. Il est plus simple d’avancer ou d’avoir des objectifs quand on sait où l’on va et qu’on peut donner du sens à ses apprentissages.

Elle est découpée en 2 temps (1/3 – 2/3)

  • 1er temps : collectif (1/3)

Le rituel - Pendant environ 5 minutes, 5 petits questions maximum sont posées au tableau afin de vérifier des éléments basiques de la fois précédente ou de notions antérieures types (par exemple : identités remarquables, calcul mental…) Les élèves notent succinctement les réponses sur une feuille. Une correction est donnée au tableau à la fin des 5 minutes. Ce temps permet d’ancrer des formules simples, et des applications basiques, ou de faire des rappels régulièrement. C’est un bilan facile et rapide pour faire prendre conscience aux élèves de leur niveau par rapport à ces fondamentaux.

Correction de l’exercice donné - Un ou plusieurs élèves sont envoyés au tableau pour corriger chacun une question de l’exercice qui était à chercher à la maison. Les autres sont invités à se mettre dans la peau du professeur, et de porter un regard critique sur la rédaction, ainsi que sur la validité des éléments rédigés au tableau. Puis, je valide les différentes remarques et précise les exigences attendues lors de la recherche des exercices, afin que chacun puisse ensuite porter ce regard critique sur lui-même lors du devoir à la maison ou du devoir surveillé.

Point bilan collectif - Il est demandé aux élèves de ne rien noter durant ce temps, de développer toute leur attention et de participer aux différentes questions posées. J’expose alors une ou deux notions clés sur lesquelles la grande majorité des élèves vont travailler. En effet, au fil du temps, chacun avançant à son rythme, un écart va progressivement se créer entre le noyau du groupe classe et un groupe d’élèves ayant des facilités. Il est possible que ce dernier ait un chapitre voire deux d’avance sur l’autre groupe, ceci ne posant aucun problème vu que les vidéos sont créées, favorisant ainsi l’autonomie dans l’apprentissage. Ce point bilan collectif peut aussi être exploité pour créer un schéma heuristique illustrant le cours précédent, afin d’ancrer et de montrer les différents liens entre les notions abordées. Il permet aussi de donner différents angles d’approche et de montrer différentes évocations mentales, notions abordées en Accompagnement Personnalisé lors des séances sur la gestion mentale. A la fin de ce temps, les élèves peuvent prendre une photo du tableau avec leur Smartphone, ou recopier ce qui a été créé en l’illustrant avec de la couleur sur leur cahier.

  • 2nd temps : autonomie (2/3)

Un plan de travail de la séance avec des objectifs à atteindre est exposé au tableau. Les élèves sont ensuite invités à reprendre là où ils en sont, soit sur la structure de cours, soit sur la fiche d’exercices en fonction du plan de travail de la séance du jour.

De toute façon, ils devront compléter la structure de cours, en se souvenant de ce qui a été exposé au moment du point bilan collectif (sachant que les éléments restent présents sur le tableau durant la séance) ou en regardant la vidéo correspondante grâce au numéro ou au QR code indiqué si ce n’est pas encore acquis.

Lors de la mise en pratique sur la fiche d’exercice, un classeur est mis à disposition continuellement en classe. Il contient :

  • la structure de cours complétée
  • la fiche d’exercices
  • la correction tapée de la fiche d’exercices.

Si je ne suis pas disponible, les élèves vont devoir aller se corriger en autonomie avec le classeur puisqu’il n’y a plus de correction au tableau des exercices sauf pour ceux faisant partie du travail à faire à la maison.

 

Ceux qui n’auraient pas atteint les objectifs à la fin de la séance auront ce travail à finir à la maison ou au CDI.

 

Des exercices d’approfondissement sont aussi proposés aux élèves ayant bouclés tout le travail demandé.

L’an passé, les élèves ayant terminé le programme ont pu continuer à se préparer pour leur future rentrée en commençant un nouveau programme.

En effet, grâce à toutes les vidéos déjà créées, ceci permet d’avoir suffisamment de matière pour orienter et préparer les élèves suivant leurs cursus et filières visées.

 

Durant ce 2nd temps, je suis complètement disponible pour les élèves. Ils peuvent me solliciter pour que je vienne les aider, les débloquer. Si personne n’a besoin de moi, je peux alors circuler auprès de chacun, pointant des éléments importants lors la rédaction d’un exercice, insistant sur des critères de rigueur, de présentation, donnant des consignes, renvoyant à des vidéos antérieures si des lacunes récurrentes sont remarquées …

Etant dégagée d’une part de transmission magistrale classique, je peux donc me positionner différemment. Ma place a évolué. Je ne suis plus derrière un bureau, je suis avec les élèves ! Je peux également observer chaque élève, à quel rythme chacun avance, quelles sont les stratégies de visionnage, de collaboration et ainsi me laisser surprendre par des situations générées par un ou des élèves.

    • un livret portant sur le micro-chapitre qui est un cours à trous, avec sa fiche d’exercices.
    • un classeur contenant tous les cours traités depuis le début d’année, composé, pour chaque partie de la structure de cours complétée, de la fiche d’exercices ainsi que de sa correction tapée.
    • des QCM version papier.
    • des vidéos de mathématiques présentes sur Youtube, sur le site mathenvideo.fr ainsi que sur le réseau du lycée et sur une clé USB.

     

  • La disposition de la salle n’est pas optimale - 35 élèves dans une salle contenant 20 ordinateurs et un ilôt central de travail n’est pas un espace pensé pour l’apprentissage avec le numérique. L’étroitesse de la salle ne favorise pas un travail de pensée et rend difficile tout déplacement. Il est ainsi courant de se prendre les pieds dans les sacs des élèves.
  • Les problèmes de connexion au réseau - Au départ, la multiplicité et simultanéité des connexions internet rendait le réseau inaccessible et inopérant. Nous avons déjà réglé ce problème en créant divers espaces de stockages (en interne, sur le réseau du lycée ou sur une clé USB ; en externe : sur un drive en ligne). Les élèves choisissent ainsi leur mode de connexion préféré. Au fil du temps, ils préfèrent utiliser les vidéos stockées sur le réseau du lycée, rangées dans l’ordre croissant d’apprentissage, avec des titres très explicites et similaires à la structure du cours. Mais ceci demande beaucoup de gestion et d’organisation en amont.
    • Certains élèves, insuffisamment organisés, éprouvent des difficultés pour bien savoir où ils en sont, ou ce qui a été déjà été traité et sont perdus au moment de la présentation des objectifs du plan de la séance.
  • La gestion d’un classeur ou cahier, pour chaque élève, est-il encore d’actualité avec l’utilisation des TICE ? L’utilisation d’une tablette graphique et d’un classeur numérique ne serait-il pas mieux adapté ? En effet, dans le monde de l’entreprise, les élèves vont être amenés à savoir organiser numériquement, en dossiers et sous dossiers, leur espace de travail, et non plus manuellement avec des cahiers dans le cadre scolaire. Si nous pouvions ainsi travailler sur des surfaces tactiles, la création d’un cahier virtuel permettrait à l’élève d’apprendre à le gérer, à le compléter et à garder une trace plus durable de leur production, voire de la partager avec d’autres élèves ou d’autres classes ! On pourrait imaginer des échanges ou collaborations avec des élèves d’autres pays. N’est ce pas une des révolutions qu’apporte Internet : être en relation avec qui l’on veut à l’autre bout de la France ou du monde ? Un tel dispositif permettra de travailler différemment.
  • Suivant une classe de BTS sur les deux années, j’ai pu constater à quel point les vidéos étaient bénéfiques pour les élèves venant de BAC PRO, qui investissaient énormément ces séquences. Leurs résultats ont augmenté considérablement. Seule la barrière psychologique a eu du mal à être dépassée : comment devenir bons en maths alors que durant des années leurs résultats leur ont prouvé le contraire ?! Un accompagnement psychologique est aussi à envisager.
  • Afin de permettre aux élèves de faire un bilan sur leur acquisition, ceux-ci utilisent de nombreux QCM version papier. Malheureusement, ces évaluations ne sont pas numériques faute de trouver des plateformes possédant des éditeurs d’équations mathématiques intégrés, simples à utiliser mais aussi faute de temps pour les créer en ligne.
  • L’organisation et la gestion de tous les supports mis à disposition (téléchargement aussi des vidéos..) chronophage aussi ou cela demande une grande organisation personnelle….
  • Certains élèves ayant plus de facilité que d’autres, ils prennent de l’avance sur le programme. Cela me demande beaucoup d’organisation dans les différents supports mis à disposition.
  • Pensant être relativement novatrice dans ma pédagogie numérique, je ressens une réelle solitude au sein des équipes pédagogiques de mon établissement. Si une cohérence pédagogique était pensée à un niveau plus globale autour de l’utilisation des TICE, le cadre offert aux élèves serait alors plus cohérent et plus riche, rendant cette méthode pédagogique beaucoup plus fluide.
  • Les élèves avançant à leur rythme, ils ne se souviennent plus d'une séance sur l'autre où ils en sont dans leur structures des cours. Leur apprendre à mettre un signe pour valider ce qui est fait et ne pas refaire sans cesse les même chose ou perdre 10 minutes pour chercher où il s est arrêté dans sa structure de cours est un élément à penser.

Je suis ravie de ce nouveau dispositif avec la classe numérique et je ne me sens plus épuisée après certaines séances difficiles ou lourdes à gérer. Je suis heureuse d’avoir osé lâcher prise même si les premières séances en classe numérique ont été déstabilisantes pour moi aussi. J’ai mesuré à quel point j’étais dans une forme de contrôle pour mener et gérer le groupe classe, même si j’accordais des temps de pause et de recherche.

Je sens que mes élèves sont aussi contents et ils demandent que l’on continue à fonctionner ainsi. D’ailleurs nombreux sont ceux ne voulant plus revenir aux cours magistraux ! L’ambiance générale de la classe est agréable et tous les élèves travaillent en classe. Pour avoir dû faire deux fois cours en mode traditionnel (faute d’avoir la salle informatique), j’ai pu observer que « la classe numérique » me demande moins de gestion de classe au niveau du bavardage. J’ai moins d’énergie à dépenser pour motiver tout un groupe classe afin qu’il se mette au travail ! (travailler sur l’appropriation des apprentissages par les élèves et un levier reconnu de la motivation). Les élèves ne sont plus agités de la même manière, ou acteurs dans un bavardage excessif. Ils discutent certes, mais leurs échanges tournent autour de points de cours, en coopérant. Il est intéressant d’observer comment, avant, des élèves s’ennuyaient car le rythme n’allait pas assez vite ou trop vite, ou vu qu’ils avaient terminé les exercices, se mettaient à bavarder..

Quelques observations d’usages – vers la personnalisation

De plus, souvent, le fait d’avoir un écouteur pour deux facilitent la collaboration. J’ai observé qu’il y a aussi, si on respecte le rythme de chacun, différentes stratégies de visionnage notamment lors des exercices. En effet, certains préfèrent déjà écouter puis ensuite refont l’exercice. D’autres préfèrent chercher dans leur coin, d’autres ont besoin d’être rassurés en rédigeant un peu puis en vérifiant rapidement s’ils sont sur la bonne voie. Ils ont tous des portes d’entrée d’apprentissage et de réinvestissement qui leur sont propres. En « classe numérique », le rythme et le besoin de chacun est beaucoup plus respecté. Une difficulté persiste encore lorsque l’élève pense avoir juste et ne prend pas la peine de se corriger ! Heureusement que je passe très régulièrement auprès de chacun, cela me permet de les sensibiliser à l’importance d’être corrigé par la vidéo ou par un pair. Nous avons pu travailler aussi ce point grâce au point de vue de la gestion mentale. Les élèves commencent à mieux comprendre l’importance de se corriger, même si ceci nécessite une implication personnelle, chose qu’ils n’ont pas toujours envie de faire!

De plus, il me semble que je connais mieux encore mes élèves et que j’ai plus de temps à accorder à chacun, personnellement. Je découvre aussi des élèves qui se révèlent grâce à ce dispositif.

Ce fonctionnement est évidemment transposable dans d’autres matières.

En tout cas, il est possible d’envisager de premiers pas vers l’interdisciplinarité. En effet, les collègues de physique (ou SVT, ou sciences économiques et sociales,…) pourraient indiquer les numéros des vidéos dont ils auraient besoin en les incluant dans leur structure de cours. Nous reprochons souvent aux élèves de ne pas être capable de faire des liens mais ne pourrions-nous pas leur en montrer l’exemple  ?

Par exemple, ils pourraient renvoyer les élèves à l’étude de la technique mathématique pour ensuite, lui montrer l’application dans sa matière. On peut alors imaginer un co-enseignement. Et réciproquement, je pourrais inclure des applications et donner du sens à ma matière, grâce à des vidéos produites par les professeurs de physique, de SVT…

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